Congrès Infra 2017
4 au 6 décembre
Biographie du conférencier
Ingénieur diplômé de l'École Nationale Supérieure des Arts et Industries de Strasbourg, Yves Brosseaud dispose d'une expérience de plus de 35 ans dans le domaine des matériaux et techniques routières. Il est actuellement directeur de recherche, chargé de mission pour les matériaux bitumineux, et des expertises routières, dans le département matériaux de l’Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux (IFSTTAR, ex LCPC). Il exerce ou a eu des fonctions très variées dans le domaine du suivi des techniques de chaussées, de la recherche sur les matériaux bitumineux de chaussées, de l’évaluation et de la mise au point des matériels d’analyse des chaussées, de l’expertise des ouvrages routiers, de l’évaluation de nouvelles techniques, des actions de normalisation française et européenne, de coopération technique à l’étranger et de la formation des étudiants dans des facultés ou écoles d’ingénieurs. De par sa longue expérience et sa polyvalence, Yves Brosseaud est considéré comme un « ingénieur spécialiste du domaine routier international ».
Résumé de conférence
Le recyclage des matériaux bitumineux est une pratique ancienne, en France, car les premières expérimentations se sont déroulées au début des années 80, cependant cette technique n'a connu un développement industriel que durant ces quinze dernières années, sous l'impulsion des pressions environnementales et des politiques publiques. La loi de transition énergétique pour la croissance verte va imposer à partir de 2020 que tous les matériaux utilisés sur les chantiers de construction et d'entretien des routes, au moins 20 % en couche de surface et 30 % en couches d'assise soient issus du réemploi, de la réutilisation ou du recyclage de déchets.
Aujourd'hui, les études de performances, les équipements des centrales de fabrication, et le retour d'expérience, nous permettent de réaliser couramment des recyclages à des taux moyens (10 à 30 %), qui se répartissent aux environs de 10 à 20 % en couche de roulement généralement épaisse (4 à 7 cm) et de 20 à 30 % en assises. Le bilan de comportement de ces réalisations est satisfaisant et ne montre pas de différences notoires par rapport aux matériaux neufs. Mais cette situation de recyclage n'est pas systématique, il faut donc mener des recherches sur les taux de recyclage élevés (30 à 60 %) pour satisfaire les nouveaux critères imposés, et examiner les possibilités d'atteindre des performances mécaniques équivalentes et aussi durables, tout en tenant compte des écarts probables entre les études de laboratoire et les productions par des centrales d'enrobage spécifiques. De plus, on s'intéresse également à la combinaison du recyclage à taux moyen avec les abaissements de températures de production, tels que les enrobés tièdes recyclés, et les difficultés éventuelles pour « remobiliser » le liant ancien sans bénéficier des effets thermiques. On a démontré les capacités du recyclage traditionnel, mais qu'en est-il du recyclage multiple, combien de fois peut-on recycler un matériau bitumineux, quels sont les critères d'évaluation, aussi bien de la possibilité de recycler et selon quels taux, que de l'efficacité des opérations, de l'utilisation de produit régénérant.
Des projets nationaux MURE et IMPROVEMURE sont engagés, pour développer les connaissances et prouver par l'expérience le bien-fondé de ces techniques. Pour accompagner l'application de ces procédés, un guide technique est en cours de finalisation sur le recyclage à moyen et fort taux dans les enrobés à chaud et tiède, afin de préciser les recommandations applicables à la caractérisation de la ressource (les enrobés anciens selon leur diversité), les taux de recyclé envisageables, les conditions d'étude des performances de ces matériaux recyclés, la vérification par la production, et les contrôles nécessaires. L'exposé se propose de faire un état des lieux de la situation du recyclage en France et de ses futurs développements.